Champa Collection, Viet Nam Historical Museum, Ho Chi Minh City, 1994.

Tête de Shiva, grès gris, 15,5 cm. IXe - Xe siècle, d'après Champa Collection.

Le catalogue, bilingue (viêtnamien­-anglais), de la collection Cam du Musée d'Histoire du Viêt Nam d'Ho Chi Minh Ville, comporte, en introduction aux 115 oeuvres reproduites, une analyse thématique de celles- ci, signée de Pham Huu My et de Vuong Hai Yen (p. 21-27 pour le texte viêtnamien, 28-34 pour le texte anglais).
Se référant à deux reprises au livret de Tai Van Kiem et Truong Ba Phat, paru en 1974, les auteurs, en classant les œuvres cames du musée par matériaux, en dénombrent 140 (87 en pierre, 26 bronzes, 20 en argent et 7 cérami­ques), et soulignent que c'est la première fois que la collection est publiée pratiquement en entier. Ils procèdent ensuite à l'analyse, plus ou moins détaillée, de 28 œuvres ou groupe d'œu­vres. Il n'est pas possible, dans le cadre de ce compte-rendu, de discuter chacune de ces noti­ces, qui ne font malheureusement que rare­ment appel à l'iconographie. Notons cependant que le premier dieu de la frise « au neuf dieux » de Trà Kiêu ne peut être que Surya, et non Usa, le second étant Candra, etc. Par ailleurs le rôle du pouvoir politique dans les choix mytholo­giques du Champa (par exemple pour les représentations de Shiva, Fig. 3-5) seraient plus à chercher dans les inscriptions que dans la statuaire, nous semble-t-il. Quant à la Devi de Huong Que, que la SACHA a pris pour emblème, rien ne permet de dire qu'il s'agit d'une Mahishâsuramardini, ni qu'elle puisse représenter l'épouse d'Indravarman II. Pour le Bouddha de bronze de Dông Du'o'ng (Fig. 90), maintes fois étudié, il ne saurait être de facture locale, et ne peut être daté qu'entre le IVe et le VIe siècles (et non le LM. Par ailleurs il ne semble pas qu'il y ait des pièces dou­teuses, et certaines sculptures figurent parmi les chefs-d'oeuvre de l'art cam, comme, par exemple, outre les 2 dernières citées, la série de danseurs (n° 36 à 40), le Vishnu de Kuong My (n° 6), ou l'orant de Trà Kiêu (n° 20). Un certain nombre des pièces figurées dans ce beau catalogue était connu, (quoiqu'elles n'ait pas été toutes étudiées, comme par exem­ple la très belle tête de Bouddha, n° 92) mais souvent difficile à trouver. Aussi on ne peut que féliciter les auteurs de ce livre de les voir réunies.

Emmanuel guillon, Chercheur associé au CNRS.

Lettre de la Sacha n° 6. Décembre 1999, p. 17.